Devrions-nous parler de corrupteurs et de corrompus, de trafic d’influence ou d’appétit de Gargantua, ou les trois à la fois?
Les conglomérats et les grandes entreprises mauriciennes sont des emblèmes de réussite, de perfection dans l’art de se diversifier, souvent de fierté par leurs employés. Des boîtes à cash. Je les en félicite. Ils créaient quelque 75,000 emplois dans des secteurs divers et variés. A noter qu’il y a quinze ans, uniquement le groupe Floréal Knitwear employait 80,000 personnes, mais avec la mondialisation et la délocalisation, les unités de production ont migré.
Au-delà de cette réussite, il faut préciser que la richesse des conglomérats vient de la terre agricole, la majorité de la république de Maurice.
Le groupe Eclosia est l’un des seuls à avoir commencé petit. Il y a 50 ans, Michel de Spéville, le fondateur, père de l’actuel CEO, Cédric de Speville, n’était pas un propriétaire terrien. C’est le seul parmi ces très grands à avoir fait sa fortune en empruntant le chemin classique de tout entrepreneur, “tipas, tipas,” en faisant une alliance stratégique et en portant son choix sur l’alimentation et ses dérivés.
Après avoir écouté Jane Ragoo parler de sa déception suite à la rencontre du ‘kolektif Konversation Solider’, avec le premier ministre en date du 13 mai, j’ai décidé d’investiguer sur les chiffres.
On nous fait comprendre que ce sont nos amis de Business Mauritius qui tirent les ficelles concernant plusieurs changements de lois, le ministre des finances ayant à plusieurs reprises évoqué la collaboration (quasi incestueuse) avec la chambre de commerce et Business Mauritius. Le premier ministre, selon la syndicaliste, aurait même évoqué des pressions Internationales, en plus du ‘shopping list’ de desideratas de ‘Business Mauritius’. Les sujets abordés ont tourné autour des lois liberticides, la légalisation du hold-up de la Banque de Maurice et la rétroactivité des changements au ‘Workers Rights Act’. Il a été dit que ‘les travailleurs ne seront plus mari’ à l’encontre du ministre du travail qui avait affirmé le contraire avant les dernières élections. Je pense toutefois que les travailleurs ne souhaitent pas ‘être mari’, mais plutôt être respectés.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le ‘Big Business’, ces entreprises mauriciennes sont essentiellement composées de familles puissantes.
Toutefois, il n’y a rien de mal à cela si les règles de bonne gouvernance sont respectées. La grande majorité des ‘business guys’ sont des ‘family business’ telles que les Fon Sing, Ah-Teck, Kalachand, Man Him, Ramtoola, Ramdenee, Lam Po Tang, Yip Tong, Hassamal, etc … On fait plus confiance aux proches, n’est-ce pas?
Pour cette analyse, on parlera des ‘very big ones’: les familles Lagesse (IBL), Dalais (CIEL), Espitalier Noël (ENL) et New Mauritius Hotels, NMH (Beachcomber) dont 38% appartient au groupe ENL et qui possède 39% d’Eclosia. Le groupe Rogers étant de son côté aussi la propriété de la famille Espitalier-Noël.
Ils viennent tous de familles de la colonie française. Une des rares familles puissantes de la colonie anglaise, toujours dans les affaires, étant la famille Taylor (groupe Taylorsmith, CIM…).
Quoi qu’il arrive, ces puissants réussissent, que le ciel soit de couleur Rouge ou Orange, avec des sillons de couleur bleu ou mauve. Encore une fois, il n’y a rien de mal à cela, tant que tout soit fait dans les règles.
Mais est-ce le cas? Est-ce que le pouvoir économique tient le pouvoir politique par ‘les couilles’ (expression courante et non vulgaire)? Si oui, pourquoi? Qui d’autre pourrait aussi prendre en otage les décisions du peuple? Après tout, un parlement dans une démocratie représentative comme la république de Maurice, devrait légiférer pour et au nom des citoyens. Qui tire les ficelles ? Qui sont les pantins?
En quelques tableaux, je vous brosse la répartition du ‘vrai business’ parmi les grands. Il y a dix ans les grandes familles’ se sont concertées afin de redéfinir leur avenir et se sont ‘séparées business-wise’. Les Dalais étaient en affaire avec les Lagesse (IBL), ou les Lagesse étaient en partenariat avec les Taylor (Rogers), etc… Ils ont tous revu leurs différentes organisations afin d’instaurer un ‘Win Win model, no worries.’ Ils se sont partagés via des structures et des business clusters. Je ne marche pas sur ta platebande et toi non plus. Encore une fois, ce n’est pas malsain.
Mais analysons les chiffres de ces mastodontes des affaires mauriciennes. Tous les chiffres sont une consolidation des 5 dernieres années financières.
On les appellera les ‘Big-5’: IBL, CIEL, ECLOSIA, ENL et NMH.
La consolidation des 5 dernières années financières : Chiffre d’affaires : Rs 461.5 milliards, Profits après taxe: Rs 23.6 Milliards, Dividendes payés aux actionnaires : plus de Rs 7.1 milliards (excluant Eclosia, ses chiffres n’étant pas publiés). Le total des avoirs (assets) dépassent les Rs 235 milliards. (Tableau 1). En y ajoutant deux autres groupes, on peut estimer à un demi-trillion de roupies qui serait presque le budget de l’état mauricien durant la même période
De 2015 à 2019, tous chiffres confondus, les ‘Big-5’ ont fait une croissance de 32%. Le chiffre d’affaires passe de Rs 80.1 milliards pour progressivement arriver à Rs 105.4 milliards. Le profit après impôts a par contre baissé de Rs 6.2 milliards à Rs 2.7 milliards. Mais les dividendes augmentent quand même de Rs 1.1 milliards en 2015 à Rs 1.8 milliards en 2019. Je reprécise que ces chiffres excluent les dividendes d’Eclosia. (Tableau 2).
Les Profits après impôts et dividendes de certains sont:
IBL – Rs 9.2 milliards / Rs 2.9 milliards
CIEL – Rs 4.3 milliards/ Rs 1.4 milliards
ENL – Rs 5.9 milliards/ Rs 2.5 milliards
Analyse
Suite discussion avec plusieurs associations de PMEs, nous sommes en mesure de confirmer que dans son ensemble, sur ces cinq dernières années il y a eu une décroissance générale consolidée pour le secteur des PMEs, secteur qui pourtant a été porteur il y a une quinzaine d’années. Depuis 2016/17, nous constatons qu’il y a plus de fermetures que d’ouvertures.
Pourquoi? Une des raisons est que les grands groupes ‘pe manze dan lasiet’ des petits avec la bénédiction des élus, vos élus, nos élus. Le libre marché nous dira-t-on!
Le secteur des PMEs aurait officiellement contribué à hauteur de 40% du PIB ces dernières années, mais qu’en est-il vraiment? Le ministère des finances, via Statistics Mauritius, ne publie plus rien sur les PMEs depuis… 2015. Les derniers chiffres officiels datent de 2013 ce qui démontre clairement le désintérêt du gouvernement pour ce secteur qui employait jadis 55% de la masse salariale.
Après consultation de plusieurs associations regroupant les PMEs de divers secteurs, nous pouvons affirmer qu’il y a eu une décroissance importante ces cinq dernières années. La Chambre de Commerce de Maurice (MCCI) avait de son côté estimé en juin 2019 que le secteur des PME avait baissé de 5 points, soit à 35% du PIB. (MCCI budget analysis 2019-2020).
Mais depuis 2017, ce secteur subit une descente aux enfers. Le ministre des finances d’alors, actuellement premier ministre, avait fait le choix de soutenir financièrement les ‘Export-Oriented-Enterprise (EOE)’ qui à 97% sont les grandes entreprises. L’argent public a été utilisé pour compenser une baisse du taux de change à hauteur de Rs 2.50/ US dollar. Quel montant a été distribué et à qui? Nous le saurons peut-être un jour !
D’autre part, quand certaines PMEs avaient des difficultés pour honorer le paiement du salaire minimale, les autorités appliquaient de leur côté des amendes estimées à Rs 100 millions.
Nous en déduisons, que la contribution des PMEs au PIB pourrait maintenant être sous la barre des 30%.
Le Produit intérieur brut (PIB) national a évolué ainsi: 2015 – Rs 410 Md, 2016 – Rs 435 Md, 2017 – Rs 457 Md, 2018 – Rs 481 Md, 2019 – Rs 503 Md
Le PIB a augmenté de 22% ces cinq dernières années. Les ‘Big-5’ ont progressé de 32% et dans l’ensemble, les PMEs ont chuté drastiquement.
Quelles sont les raisons de ce résultat désastreux? Serait-ce l’incompétence de nos ministres brasseurs d’air, serait-ce des antipatriotes, serait-ce ce fameux lien entre corrupteur et corrompu éventuellement lié au financement des partis politiques ou tous à la fois?
Propositions
L’état de notre économie étant mis dans le rouge par les oranges, la relégation de notre pays par l’union Européenne dans la ligue des bandits (liste noire et pays à haut risque), le covid-19 ayant uniquement contribué à y rajouter quelques clous, le covid bill voté par la majorité parlementaire validerait ainsi le chômage de masse annoncé il y a quelques semaines par notre ministre des finances. La banqueroute des petites et moyennes entreprises serait-elle préméditée?
J’arrive à la conclusion que nous avons une équipe de dirigeants dont la priorité n’est pas le bien-être de la grande majorité de la population, mais plutôt la protection de certains intérêts immoraux. Nous avons bien vu le dédain, l’arrogance et l’attitude hautaine dans l’application de mesures pour protéger le secteur informel. Si on se base sur la performance de ces cinq dernières années et sur les manques de compétence et d’intégrité de l’actuelle équipe, je ne vois pas ce gouvernement prendre les vraies mesures de relance pour un avenir meilleur.
Donc, les conglomérats souffriront aussi, mais ils ont suffisamment de réserves et de diversifications pour faire face à la crise. Je ne suis pas inquiet pour eux. Ils devront cependant apprendre à devenir moins gourmands et faire preuve de patriotisme pour participer à la relève des petits, car c’est uniquement en collaborant avec eux qu’ils grandiront. Si le pays doit faire face à un chômage massif et à de l’insécurité, ils en subiront les conséquences. La paix sociale a un prix.
Quant au gouvernement, on devra les laisser s’écouter et s’auto-congratuler, car on ne pourra pas compter sur eux. L’opération ‘tap latab’ ira de plus belle.
Demain viendra-t-on m’arrêter sans ‘warrant’ pour cause d’épidémie d’hérésie?
Comment s’en sortir?
Je partage quelques chiffres consolidés du ‘Big 5’ (2015-2019):
- 8% de leur chiffre d’affaires provient de l’agro-industrie et l’énergie.
- 29% du secteur hôtelier
- 19% dans l’alimentation et le commerce, soit Rs 88 milliards
- 14% dans les secteurs liés au manufacturier.
- (tableau 3)
Les 30% restants, soit Rs 141 milliards, étant génères par les secteurs tels que les finances, l’immobilier, la logistique, etc…
A titre d’exemple, les secteurs de l’alimentation, du commerce et de la distribution, représentent (pour eux) Rs 175 milliards sur 5 ans, Rs 35 milliards annuellement. En faisant des partenariats avec des associations de PMEs connectées à ces secteurs, les ‘Big-5’ pourraient faire beaucoup plus d’outsourcing tout en diminuant certains frais et en faisant plus de profits. Des profits honorables, équitables et justes puisqu’ils aideraient ainsi des ‘petits’ à grandir.
Les grands pourraient explorer ensemble les territoires externes et mettre plus d’efforts sur l’export multisectorielle et emmener les ‘petits’ avec eux. Ils grandiront ensemble et ce serait tout à leur honneur. La reconstruction solidaire sans gourmandise devient impérative et un bien nécessaire. Faute de n’avoir pu être le Singapour de l’Afrique, mon pays, notre pays, évitera de devenir le ‘Zimbabwe’ de l’océan-indien.
Je propose d’évincer les ministres, ministères ainsi que leurs institutions inutiles, car ils ne font que ‘gater la sauce’.
A la croisée des grands chemins, réinventons notre politique économique et ‘m….’ aux politiques, vampires de l’équité et sangsues de la population.
Felicitation bonne analyse de la situation.
1 – loi sur le financement des partis politiques
2 – loi antitrust avec maximum de parts de marché et deconsolidation des structures et ouverture du capital. Bien entendu, en évitant la mise en place de faux-nez et autres participations croisées
3 – limitation des facturations intra-groupe, et inter-clusters, avec obligation d’ouverture aux PME. Mise en place progressive de ces limitations et obligations d’ouverture pour permettre la mise à niveau des PME tant en terme d’excellence opérationnelle que de structures financières.
4 – mise en place d’une vraie banque publique des PME avec un accompagnement structuré:
– Definition, correction, validation du business plan
– Mise en place du plan de financement avec un système d’assurance pour garantir la sécurité des fonds
– 30% du capital de la PME bloqué par la structure de financement et inclu dans un fonds national stratégique, et nomination d’un directeur associé au fondateur de la PME pour garantir la bonne gestion et le suivi du business plan validé au moment du financement
– une fois le financement remboursé, possibilité pour le fondateur de la PME de continuer son partenariat avec le fonds national stratégique, ou bien de reprendre son capital et continuer indépendamment.
– mise en place parallèlement au financement d’incubateurs d’entreprises à travers l’île, permettant l’accès à des locaux aux normes, plug and work, et des structures légales communes (secrétaire d’état compagnie, avocats) garantissant un encadrement optimal et aux entrepreneurs de se concentrer sur leur business.
5 – mise à jour tous les 6 mois des statistiques du marché et identification des secteurs à développer, des secteurs en perte de vitesse ou saturés, afin d’encourager et favoriser la création de PME correspondant aux besoins du marché.
6 – fiscalisation des PME évolutives avec des taux réduits au lancement, un rattrapage, et enfin un remboursement des discount.
Et on peut continuer comme cela….
The why of this situation is that the economy is run in apartheid system, it is not only for the Big”5″ even for the SME’s, all business is managed by community – you will see it everywhere in the country, government, private sector, NGO’s etc. our daily life is based on that aspect.
If we do not become a nation, we will become like most African countries because there business is controlled by tribes, we see examples for some countries who has been successful for the past 30-40 years – eg China, Singapore, South Korea, Japan, Germany, Canada etc – the reason why is it is a state nation.
No government with the present situation will change things or there will be a revival of SME’s even they contribute more than 20% of GDP, there is need for radical change for SME’s, change of mindset of doing business.
We can take examples from the US, in the late 70’s, there were 10 big multinationals controlling the US economy & the Stock Exchange, their industry was mainly, oil, motor, finance, chemicals, today most SME’ in the 80’s & 90’s controlled the Stock Exchange such as Apple, Microsoft, Google, Amazon, Starbucks, Tifany etc.
If we wish to make SME’s successful and as the main pillar of our future economy, they need first change their mindset, work in partnership, remove the community thinking, merge together to get the market share, invest in technology instead of buying fancy cars, invest in human capital.
Please note that Eclosia is not a business case for SME, it is because their family link with ENL that has been their success.
I believe in SME’s for post-COVID19 and the future of our economy but if we will still believe in government for help, we will kill ourselves, we will need to bring our mind, efforts together to build the future of SME’s.