QUESTIONS AU DOCTEUR PARATIAN
L’usage du cannabis à des fins médicales reste très règlementé et fait l’objet d’autorisations délivrées au compte-goutte par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament en France. Où en est la législation sur ce sujet en France ?
Il faut bien avant tout définir ce que c’est le Cannabis Thérapeutique et de ce que le gouvernement français souhaite faire. Vous connaissez le Chanvre ? C’est presque pareil. Dans le Chanvre il y a très peu de THC. Inférieur à 0,3 %. La France est productrice de 160,000 tonnes de chanvre par an. C’est le plus grand producteur dans le monde. On en fait des cordes marines, de l’alimentation, plusieurs autres produits et bientôt des médicaments. C’est de cela qu’il s’agit. On pourrait éventuellement faire la même chose à Maurice. Savez vous que la canne à sucre est une HERBE de la même façon que le cannabis et HEMP (Chanvre). Il s’agit de penser différemment ’ OUT of the BOX’. Il s’agit avant tout de dépénaliser la chose. A moins qu’il y ait quelque chose anti ‘Lepep’ !
Pour quelle raison doit-on aller dans le sens d’une législation nouvelle ?
Cela fait 400 ans que l’esclavagisme et l’engagisme nous ont fait souffrir. Et ceci de manière continuelle dans les champs de canne. Pourquoi ne pas donnerait aux descendants des esclaves/engagés le droit de produire du Hemp et du cannabis thérapeutique pour le monde en 2020 ? Combien de temps allons-nous accepter cet état de chose sans rien dire ? Pour un gain purement politique ? Mais quelle hypocrisie !
L’invention coute de l’argent mais l’innovation fait gagner de l’argent. Il faut y réfléchir. En période de COVID 19, il s’agirait de proposer une opportunité de faire quelque chose économiquement intéressant. Proposer aux petits planteurs de planter du chanvre est possible. Ceci tant que cela rapporte plus que la canne à sucre et qu’il y a moins d’intrants chimiques sous une législation adéquate. Ce serait un ‘winner’ dans tous les sens du terme. Savez vous qu’il y a 39 % de réduction de notre marché mauricien du sucre par l’Union Européenne ?
Est ce que cette législation que vous proposez ne va pas faire des drogués sur prescription ?
Il ne s’agit surtout pas de ‘la fumette’ ou de la prescription des ‘Joints’ sur ordonnances. Surtout pas ! Le Cannabis contient en gros 80 molécules différentes, dont deux en particulier qu’est le THC, psychotrope-excitant (Delta 9 Tétrahydrocannabinol du cannabis et le CBD (Cannabidiol) la partie ‘relaxante’ du cannabis.
La Directive Européenne demande à ce que le THC (PSYCHOTROPE) ne dépasse pas les 0,3 % dans ce cannabis thérapeutique. Le cannabis thérapeutique se fait à partir du CBD. D’ailleurs la France est parmi les derniers pays d’Europe à faire des Essais Cliniques sur le Cannabis Thérapeutique à partir de Mars 2021. On se demande pourquoi en faire car les autres pays européens ont déjà fait. Et l’Ile Maurice pourrait en bénéficier de cet état de fait. On aurait pu prendre de ce qu’ils ont déjà expérimenté. Un exemple c’est l’Italie. Un exemple hors l’Europe est Israël. D’autres pays attendent le feu vert de l’Organisation Mondiale de la Santé – OMS- pour déclassifier le cannabis des drogues dures. La Commission sur les drogues prendra une décision le 04/12/2020. 35 de 53 pays sont déjà d’accords pour la déclassification du cannabis (Zamal). Il y a eu un retard dû à la crise du Covid 19. Attendons voir. On attend ce que fera notre gouvernement ?
Revenons aux essais cliniques que souhaite faire la France ?
Les essais cliniques seront faits pour 3000 malades dans toute la France (y compris les DOM TOM) et ceux-ci pour (5) cinq pathologies uniquement. (Arrêté de 09/10/2020). On sait qu’une quarantaine (40) de maladies peuvent être prises en charge par le cannabis thérapeutique.
Quelles sont ses cinq maladies ? Et les conditions des essais cliniques ?
Les essais cliniques vont se faire sur les complications des AVC, les spasmes musculaires, les maladies neurodégénératives et les Epilepsies pharmaco-résistantes. Il ne s’agit pas ici de remplacer ces médicaments chimiques par le cannabis thérapeutique mais de le mettre en complément des médicaments. Il s’agit d’un protocole bien défini. Ceci se fera sur deux ans avec une gratuité totale du cannabis thérapeutique et de son protocole.
Quelles sont les risques ?
Si on sait que l’aspirine provient d’une plante, on pourrait facilement comprendre les enjeux pharmacologiques et économiques pour la Réunion et probablement pour la région. La crise sanitaire du Covid 19 que nous expérimentons en ce moment, doit être une opportunité pour la Réunion et non d’une faiblesse pour nous. Il nous faut innover si l’on veut être plus productif dans la région et pour la France. Le cannabis thérapeutique est une chance inouïe pour la Réunion. Il nous faut la prendre. Et maintenant ! Ne nous voilons pas la face s’il vous plait. On sait pertinemment que la France est le plus gros consommateur des anxiolytiques et des somnifères du monde. Pas seulement en Europe.
Pourquoi la Réunion ?
Qui ne connait pas le Zamal réunionnais ? C’est une herbe comme la canne à sucre. Il nous faut arrêter cette hypocrisie de voir la Réunion comme un territoire assisté. Où les gens touchent de la ‘monnaie braguette’ et fument du Zamal ! Mais de voir les Réunionnais comme une force et une très grande opportunité pour la France. Il nous faut arrêter de faire du néocolonialisme. Savez-vous que grâce à l’Ile Réunion, le territoire de la France (Zone Economique Exclusive) est grandement augmenté, et que l’Europe a un pied ferme dans l’Océan Indien ? Ce sont ces éléments à donner aux locaux pour ‘booster’ leur ‘estime de soi’ et non pas les voir comme des assistés de cette même France métropolitaine. C’est cela qu’il faut dire. Le cannabis thérapeutique est une chance pour l’Ile de la Réunion et il faut être fier de cette opportunité.
Quelque part vous ne défendez pas les consommateurs de Zamal en disant cela ?
Regardons en face la réalité. Le café, le jeu vidéo, l’alcool et la cigarette sont les drogues avec des fortes potentielles addictives. Pourtant on les autorise. ? Vous vous êtes demandé ? Et l’Etat tire un gros profit de tout cela. Regardons à l’Ile Maurice et aux Seychelles par exemple, il y a une montée en puissance des drogues synthétiques et de drogues dites dures… et même des morts… Il y en a moins à la Réunion. Pourquoi ? Quand on se pose des vraies questions, on a toujours les bonnes réponses. Et je suis médecin. Je voudrais le meilleur pour les gens ou du moins le moins dangereux ! C’est notre devoir de faire le rapport Bénéfices/Risques pour tout traitement donné. Et pour le cannabis thérapeutique c’est la même chose.
Toute drogue est mauvaise. On sait pour sure que perdre contrôle de sa consommation est une addiction, y compris certains médicaments en vente libre. Le cannabis aussi est mauvais, mais beaucoup moins addictive que le tabac autorisé ou que le sucre pour lequel les ‘engagés’ sont venus sur cet Ile ! Savez-vous que le sucre est plus addictive que la cocaïne ?
Et vous vous étonnez du taux de diabète à Maurice. En ce moment Il faut, je disais, une approche éducative et non punitive de ces drogues. Le Pr. Benyamina, Psychiatre et Addictologue à Paris, milite pour une dépénalisation du cannabis. Quand on sait qui est arrêté pour des joints et qui n’est pas emprisonné, on doit, en tant que médecin, tirer ses conclusions.
On sait par ailleurs, que la France est connue pour être le plus gros consommateur de Cannabis au niveau de l’Europe. Est-ce la volonté des firmes pharmaceutiques (le Big Pharma) ? Ou la France doit avant tout écouler le stock pharmaceutique des somnifères existant ? On n’en sait rien.
Qui êtes-vous, Docteur Uva Paratian ?
J’aime les gens et leurs bienêtre. C’est pourquoi j’ai choisi ce métier de médecin généraliste. J’ai aussi fait des diplômes universitaires en Addictologie, en Psychiatrie générale et en Hypnose thérapeutique. Je suis étudiant en Ethnomédecine en ce moment. J’ai choisi de faire un Doctorat en Anthropomédecine se basant sur l’esclavagisme/l’engagisme et je me pose comme hypothèse si tout cela n’est pas relié à notre incidence du diabète. Dans un autre article je vous parlerai de l’EPIGENETIQUE et des maladies. Je milite pour des produits de l’ethno pharmaceutique à faire rentrer dans la pharmacopée française (Il y a plus de 600 de médecines traditionnelles qui y sont déjà). Je fais partie du CERNIC. Le Cermic est un nouveau centre de recherche en médecine générale, indépendant de ‘Big Pharma’.
Vous avez dû remarquer que tout ce qui n’est pas occidental est interdit. A Maurice la population préfère la médecine occidentale à la médecine indienne ou chinoise. C’est très dommage. On y reviendra dans un article différent.
A un moment donné, les Royaumes Unis étaient un narco-état. On ne peut penser par nous-même. On est indépendant. On nous fait croire avec conviction qu’il y a qu’un seul système qui existe ! Celui du ‘Big Pharma’ alors que 80% de la planète se soigne par les plantes.
Je suis catégorique et c’est un Non clair ! Il nous faut certainement repenser les choses. D’autres systèmes de pensée existent. Il ne doit pas exister de pensée unique.
On voit bien ces temps-ci où nous mène la pensée unique. Une société sans drogues n’existe pas dirait Dr David Mété, Chef de Services d’Addictologie du CHU St Denis. Tous les jours aux Urgences des Hôpitaux on reçoit des personnes qui sont intoxiquées par du simple paracétamol (Panadol) et de la drogue chimique. Alors il faut trouver les solutions. Il s’agit de tout repenser dans notre pays. Comme par exemple le droit de vote de la Diaspora mauricienne dont je fais parti. Connaissez vous le poids de cette Diaspora mauricienne ? Si la diaspora n’existait pas alors beaucoup de nos compatriotes seront dans des difficultés. Le poids de la diaspora est énorme selon les estimations. Il y en a même parmi qui aide à payer des propriétés. Pour vous dire !
Il faut certainement une approche plus éducative et non punitive de notre système de santé et de justice. Une addiction est une maladie psychiatrique, et, ce n’est pas à la prison qu’on la soigne cette maladie. Et je suis pour ce système éducative. Je précise que la perte de contrôle de sa consommation est un problème réel qu’il faut absolument y réfléchir et trouver des solutions éducatives. Et non pas punitives et judiciaire. C’est pour cela qu’une dépénalisation du Zamal : cannabis est importante à considérer.
Pour quelles raisons avez-vous choisi cette voie des médecines naturelles et plus particulièrement de l’usage du cannabis à des fins médicales ?
Il est évident que si une culture se fait sans pesticides ni insecticides ce serait un gain énorme en terme d’Ecologie avec des retombées touristiques évidentes. Quitte à me répéter, la canne à sucre est une herbe avec des intrants chimiques en grande quantité. Le cannabis/zamal/Chanvre est une herbe aussi mais sans ces attributs chimiques si on le plante en culture ouverte. Il est évident que moins il y a des intrants chimiques pour la production du cannabis, moins il y aura d’étapes de détoxification et mieux c’est pour la production des médicaments et leurs consommations. Ce serait une hypocrisie de faire autrement que la majeure partie de l’Europe et des Etats Unis – Canada (entre autres) font actuellement à propos du cannabis et du cannabis thérapeutique. On doit faire attention aux médecines naturelles. Tout ce qui est naturel n’est pas forcément sans toxicité.
Comment réagissent les français face à cette offre, un peu en marge du circuit classique des soins ?
Le ‘zamal’ thérapeutique sera ou en huiles, tisanes ou comprimés. Comme je vous ai déjà dit, ce ne sera pas en ‘fumette’. Les français comprennent cela. Il faut arrêter cette attitude de ‘Code Noir’ ! C’est-à-dire de’ chosifier’ la population locale. Les patients locaux sont très intelligents et ils sont pour des tisanes ‘grandimoune’ et refusent des molécules dites chimiques. La population a compris les grand jeux du ‘Big Pharma et leurs stratégies de marketing. Par exemple, elle sait très bien que ce n’est pas le Chikungunya qui a causé la mort de centaines de Réunionnais en 2006 mais bien des médicaments contre les douleurs (entre autres des anti-inflammatoires en vente libre !).
Les Réunionnais vont faire partie de ces 3000 patients en France des essais cliniques qui démarrent en Mars 2021. Ils sont très contents. On voit tous les jours les bienfaits des tisanes (ethnomédecine) et la consommation des plantes à la Réunion. Ce n’est pas un ‘scoop’ disant cela. Et aussi les cultivateurs et agriculteurs sont très intéressés pour produire le cannabis qui serviront de bases thérapeutiques. Ils sont déjà membres de l’Association Chanvre Réunion qui distribuera, selon un arrêté préfectoral, l’autorisation de cultiver selon un cahier de charge bien défini et spécifique.
Le mauricien doivent prendre le train ’ du cannabis thérapeutique’ vite car sinon comme à l’habitué ce sera ‘le Big Pharma’ le grand gagnant, et non pas les petits consommateurs qui peuvent et doivent se mettre en coopérative pour y réussir dans cette culture potentielle du cannabis.
