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Agro-Ecology | Soutenir la vie

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La pandémie du Covid-19 a propulsé au-devant de la scène des enjeux que beaucoup pensaient aller arriver graduellement – mais assez rapidement – avec le changement climatique. Les impacts du changement climatique menacent en effet notre approvisionnement en denrées alimentaires, qu’elles soient produites localement ou importées. En même temps, la mécanisation dans une agriculture industrielle dépendante de machines alimentées de carburant à l’énergie fossile pose problème. Être auto-suffisant en nourriture (hors produits marins) pour une population de 1,2 millions habitants permanents sur un territoire terrestre de 2 000 km2 semble hors de portée. Pourtant, nous devons bien assurer une bonne marge de sécurité alimentaire pour nous mettre à l’abri de pénuries. Comment est-ce que la manière dont la nature fonctionne, une allocation judicieuse dans l’utilisation des terres et les « nouvelles » technologies (le numérique par exemple) peuvent-ils aider à trouver des solutions ? Voici quelques pistes de réflexion.

Dans la nature, c’est zéro déchet car ce qui est « déchet » pour un élément est nourriture ou ressource pour un autre. Tout est recyclé. L’exemple le plus simple est le fruit qui tombe de l’arbre, qui est transformé par divers organismes, dont des vers de terre, pour en faire des nutriments pour les plantes. Ainsi va le cycle de vie dans la nature. C’est un cycle vertueux. Si nous adoptons ce modèle de « ferme intégrée », qui dépend de la diversité d’éléments qui composent la nature – dont les bactéries et l’eau -, nous avons fait une bonne partie du chemin car les bénéfices économiques (en optimisant la production), sociaux et écologiques sont immenses. Un exemple de ce qui est possible se trouve dans un projet pilote à la prison de Beau Bassin sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le Développement où les déchets de jardin et de cuisine servent aussi à produire du biogaz.

Le dur métier de petit planteur est souvent ingrat alors que la production vivrière qui y est issue est ce qui nous nourrit en très grande partie. Les jeunes rechignent en général à le pratiquer. Avec les pluies torrentielles caractéristiques du changement climatique qui affectent les champs pendant trois-quatre mois de l’année, des méthodes de culture plus résilientes doivent être trouvées. Des efforts – trop timides – sont entrepris par les autorités pour une production hors sol, sous abri, pour une agriculture bio/raisonnée tandis que des petits planteurs réclament des plateformes en ligne pour écouler leurs produits. En Afrique continentale, la technologie vient déjà en aide à de jeunes agriculteurs au moyen d’applications mobiles par exemple. Le plan de relance post-Covid 19 devrait être l’occasion d’injecter des ressources financières et humaines, ainsi qu’un soutien institutionnel et technique adéquat pour faire vraiment décoller ce type d’activités économiques pourvoyeur d’emplois. Est nécessaire bien entendu, la mise en œuvre d’un plan directeur accompagné d’un plan d’action élaboré avec les parties prenantes.

Lors des Assises de l’Environnement il y a 4-5 mois, il a été question d’agro écologie, de biodiversité au service de la production agricole. L’importance d’une utilisation rationnelle des terres au profit de tous s’impose aujourd’hui comme une évidence. De quoi avons-nous besoin pour vivre ? Ces dernières semaines nous l’ont montré : à manger, boire, un toit, des sources d’énergie pour faire à manger, et bien sûr une bonne santé. La sécurité alimentaire, la sécurité énergétique et de l’approvisionnement en eau dépendent de ce que nous décidons de faire des terres, des cours d’eau et de nos lagons. Allons-nous les rendre stériles en multipliant les projets d’habitat de luxe et des infrastructures de prestige gourmandes en matériaux importés couteux, et détruisant la couverture végétale et la biodiversité ? Ou au contraire allons-nous pouvoir décider d’un aménagement du territoire qui tient compte de la pérennité des ressources naturelles qui soutiennent la vie ?

Nous sommes face à des défis gigantesques. Mais des voies de sortie sont à notre portée.

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Adi Teelock
Militante pour le développement durable | Adi détient une Maîtrise en Histoire de la Faculté des Sciences Historiques de l’Université de Strasbourg, France. Après un parcours dans l'enseignement, elle a participé à des études socio-économiques, des publications sur l'histoire de Maurice et divers autres projets en sciences sociales. Depuis 2009, elle est activement engagée dans la promotion du développement durable, et est membre de la Platform Moris Lanvironnman depuis la création de ce réseau informel d'ONG et de citoyens en 2010. Elle contribue depuis plus d'une dizaine d'années au débat public sur des questions de développement durable essentiellement. Pour elle, le passé peut éclairer l’avenir si on en tire les leçons.

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