Hormis quelques exceptions près, est ce que la gent féminine doit continuer à subir toutes sortes de violences physiques, économiques et morales ?
Nous vivons dans une société indifférente qui pour se donner bonne conscience, se mobilise dans les médias ou les réseaux sociaux et ce, essentiellement quand il y a mort d’Homme, ou descend dans la rue lors de la journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 Novembre de chaque année. Nous, citoyens, sommes tous choqués et nous crions notre indignation. La vie continue, on oublie jusqu’au prochain mort et le même schéma revient. Quelle hypocrisie ! Qu’attendons-nous pour prendre des mesures pour déboucher sur des solutions pérennes?
A qui doit-on s’adresser ? Aux victimes ? Aux auteurs ?
Pour les victimes, il y a déjà beaucoup de mesures légales comme les « Protection Order », « Tenancy order », des refuges, et divers autres mesures comme l’appel à une dénonciation de la part des familles ou voisins. Je pense que ce serait intéressant de s’adresser aux auteurs de la violence.
Approche Efficace
Formulons une nouvelle approche envers les auteurs se basant sur ce qui se fait ailleurs et a fait ses preuves.
Une expérience a commencé depuis une dizaine d’années à Tours, France, par des psychologues du service d’Accueil thérapeutique pour hommes battants de l’association Entraide et Solidarités. Le but est de faire parler les auteurs de violences domestiques et de les faire sortir du déni par une prise en charge thérapeutique. Réunis autour de deux psychologues une dizaine hommes, auteurs de violence domestiques, sont amenés à s’exprimer sur leurs actes afin qu’ils mesurent leur violence et ne répètent plus ces comportements. Les psychologues constatent qu’ils font preuves d’une grande rigidité de pensées, ont des discours stéréotypés et des personnalités égocentriques. Pour qu’il n’y ait plus de victimes de violence conjugale faut il éradiquer les auteurs ? On ne va pas tous les flinguer ! Donc faisons en sorte que les hommes ne deviennent pas des auteurs. Comment ?
Une cinquantaine d’hommes sont accompagnés chaque année, 77% y sont contraints par la justice. Les autres sont des « volontaires » et viennent au centre sur les conseils de leurs épouses ou amies. Chaque patient fait l’objet d’une évaluation puis signe un contrat de responsabilisation par lequel il s’engage à renoncer à toute forme de violence.
Lorsque débute-leur suivi, en séance individuelle ou collective, la plupart sont dans le déni. Selon les psychologues, les auteurs sont des manipulateurs qui minimisent et banalisent la violence car ils ne peuvent pas imaginer ce que les victimes ressentent. Au sein du groupe se mêle des hommes de toutes origines socioprofessionnelles et à un moment même les plus récalcitrants s’ouvrent et parlent. Le groupe permet des échanges fructueux entre ceux qui commencent tout juste leur suivi et les plus anciens. Les remarques sont mieux acceptées quand elles proviennent des plus anciens. Par exemple « tu ne peux pas réagir comme ça, pense à ta femme et tes enfants ». Parfois le groupe propose des solutions et d’autres fois les psychologues interviennent pour faciliter le dialogue.
Techniques Utilisées
Des débats à l’aide de textes ou d’images sont organisés autour de thématiques variées comme le couple, le cycle de la violence, les stéréotypes hommes-femmes, la parentalité et les répercussions des violences conjugales sur les enfants. L’une des règles est de parler de soi et de ses propres comportements.
Autre outil intéressant est d’utiliser une roue des émotions où figure la colère, la tristesse, la peur, la joie les psychologues leur demandent d’exprimer leurs sentiments. L’exercice est moins simple qu’il n’y parait. Beaucoup ne savent pas mettre des mots sur leurs émotions, encore moins sur leur colère et leur frustrations et autres émotions négatives. Ils se rendent compte que l’accumulation de ces émotions peut exploser et aboutir à la violence. Pour gérer la colère il faut se reprogrammer mais cela prend du temps. Le suivi dure en moyenne deux ans. Certains assimilent les mécanismes pour combattre ces émotions négatives. Il s’agit de repérer à partir de quel moment le risque de passer à l’acte est atteint. Il faut anticiper et faire autre chose que de mettre une gifle, par exemple sortir prendre l’air. En quelque sorte se déprogrammer puis se reprogrammer autrement. Selon des témoignages, les auteurs assurent que cela a changé les choses non seulement dans leur relation de couple mais aussi avec leurs enfants. Ils disent que la clé est de ne pas réagir sur le coup de l’émotion. Ce n’est pas si simple en réalité mais avec la persévérance certains y arrivent. D’après les psychologues 80% des patients n’ont pas réitéré leurs comportements violents. Il n’existe qu’une trentaine de centres en France et la difficulté est d’ordre financier. Le financement provient de l’aide des institutions gouvernementales, privées et une contribution forfaitaire des patients selon leurs moyens.
Rôles de l’état et les ONG
L’Etat doit encourager des associations qui œuvrent dans ce sens et collaborer avec eux au niveau judicaire et financier. En ces temps de confinement la situation est grave. Selon la ministre de l’Egalité des Genres et le Bien-être de la famille lors d’une émission à la MBC radio/tv diffusée le 9 Mai 2020 il y a eu 244 cas de violence domestique lors du confinement national instauré pour lutter contre le COVID 19.
On ne peut même pas imaginer le martyre que subissent ces femmes et les enfants livrés à leurs bourreaux violents.